Bioshock Infinite

Profitons de la sortie du premier DLC de Bioshock Infinite pour se rafraîchir la mémoire concernant la déception que fut ce jeu lors de sa sortie. Avant de vous ruer sur Clash in the clouds, tâchez de réveiller cette douloureuse expérience qu’a été Infinite. Vous avez sûrement occulté de votre esprit ce jeu sur-noté qui ne correspondait pas du tout aux trailers présentés. Retour sur ce picotement qui vous démange le fondement.

Tout est dans le titre

Pourtant le titre était un bon indice sur l’arnaque qu’allait être ce jeu. En effet, l’absence de 3 nous indique que le Bioshock est juste là pour surfer sur l’aura de la série mais qu’il ne faut pas trop s’attendre à un quelconque lien avec les épisodes précédents. Si vous cherchiez la suite des aventures de Rapture c’est loupé, parce qu’il n’y a pas de Rapture dans ce jeu. Enfin si tout de même, on y passe 30 secondes à la fin histoire de mieux nous narguer. Bref, le jeu aurait pu s’appeler Germinal Lego :The game qu’on ne se serait pas senti plus entubé.

Y'aurait pas comme une odeur de sapin ?

Y’aurait pas comme une odeur de sapin ?

Vis ma vie de héros de jeu chiant

Booker, c’est le nom de celui que vous allez incarner durant les heures les plus ennuyeuses de votre vie. Et encore, incarner est un bien grand mot puisque vous allez plutôt être un spectateur de sa trépidante vie. Les FPS sans cinématiques font, la plupart du temps, le choix judicieux de rendre le héros muet afin que le joueur puisse pleinement l’incarner et faire son expérience sienne. Dans Bioshock Infinite on vous colle dans la tête de Booker DeWitt qui fait des trucs de Booker DeWitt, c’est à dire parler et prendre ses propres décisions. L’immersion c’est tellement 2012. Il a bien quelques choix à faire durant le jeu, mais cela ne change strictement rien à l’aventure « C’est trop la fatalité quoi ! »

Le choix de Sophie

Le choix de Sophie

Columbia, c’est loin mais c’est beau

L’histoire ne prend pas place à Rapture, la cité sous-marine des 2 précédents volets, mais à Columbia, une ville qui vole grâce à la magie physique quantique. C’est hachement bien la physique quantique quand même ! Et comme pour Rapture, la situation  atypique de la ville n’impacte absolument pas votre manière de jouer. Columbia pourrait être dans l’espace, sous terre ou dans mon cul qu’on ne sentirait pas la différence (enfin si moi un peu). Il y a bien l’aero-tram, système de rails permettant de se déplacer rapidement en s’accrochant dessus, qui donne une bonne sensation de vol. Mais il reste assez rare dans le jeu et ne sert qu’à se faire tirer comme un canard de Duck Hunt en combat.

C'est parti pour le petit fauteuil !

C’est parti pour le petit fauteuil ! (Je précise que je ne suis pas assez atteint/pauvre pour jouer à ce jeu sur console).

Le jeu débute donc sur l’entrée de Booker dans Columbia. Tout d’abord, pour atteindre la cité volante, on se propulse dans une espèce de mini fusée du haut d’un phare. Et pour activer cette fusée, le jeu nous propose la pire énigme de jeu vidéo passé, présent et futur : Il s’agit ici d’actionner dans un ordre précis les cloches (au nombre incroyable de 3) d’un carillon, ordre noté sur un papier que l’on a remis au héros avant qu’il n’entre dans le phare… Et oui, la combinaison n’est pas trouvé grâce à vos subtiles déductions de joueur ou quoi que ce soit de tordu. On vous la donne lors de la première cut-scene, juste 2 min avant « l’énigme ». Et pour bien s’assurer que même un singe puisse comprendre dans quel ordre il faut faire sonner les cloches, l’ami Booker sort sa feuille d’instructions lorsqu’il arrive devant le carillon. On ne nous prendrait pas pour des cloches des fois ?

26 Mars 2013, le game design à son apogé

26 Mars 2013, le Game Design à son apogée

Après cette incroyable énigme on se défenestre arrive donc sur Columbia, et là c’est franchement joli. Les décors sont très réussis et on prend le temps de regarder partout pour en prendre plein les yeux. Mais tandis que vous admiriez les splendeurs du ciel, Bioshock vous aura traitreusement pris par derrière pour vous coller dans un simulateur de promenade. Jenova Chen, le dépositaire du brevet Enfetyapadje™, a d’ailleurs porté plainte pour plagiat.

Oh mon dieu c’est beau ! Oh mon dieu 45min de jeu et je n’ai toujours pas joué !

Oh mon dieu c’est beau ! Oh mon dieu 45min de jeu et je n’ai toujours pas joué !

Les plus observateurs d’entre vous auront sûrement remarqué la présence de badauds, et peut être même de Charlie, dans l’image ci-dessus et doivent être en train de se dire «  Chic alors ! Des PNJ qui veulent pas vous tuer ! On va pouvoir discuter avec eux, devenir leur ami ou encore les décapiter et pisser sur leurs têtes ! » Malheureusement, bien que Columbia vole dans les airs par la magie de la science++, la ville est la capitale mondiale des têtes de nœud. Je ne sais pas si c’est un engagement politique vis à vis du côté Tea Party de Columbia, mais ses habitants ont le QI d’une huître. Et encore, une huître née et élevée dans le Nord-Pas-de-Calais. N’espérez pas avoir la moindre interaction avec ces gens là, les distributeurs de munitions sont bien plus interactifs. Lorsque vous approchez d’un PNJ, il balance sa ligne de dialogue sans même vous regardez et hop, circulez y’a rien à voir. On se dit carrément que Booker est en fait un fantôme et qu’on va se farcir un twist final façon Sixième sens. C’était mieux dans les précédents Bioschock, les gens étaient peut-être aussi cons, mais ils avaient au moins la décence d’être morts.

L’aero-tram narrative

Maintenant que Booker est arrivé à nulville, la ville qui vole grâce au seum des joueurs, il va bien falloir lui donner quelque chose à faire. Le but du jeu est de trouver la jeune Elizabeth et de la ramener sur le plancher des vaches. Le pourquoi du comment se dévoile peu à peu durant le jeu et se conclut en beauté par un enchaînement de cinématiques durant 20 interminables minutes on l’on vous balance tout à la tronche façon Shyamalan du pauvre saupoudré d’effet Darth Vader. Ce n’est pas foncièrement inintéressant, mais ça nous tombe dessus sans crier gare et il n’y a plus à jouer après. Du coup on s’en fout complètement. Je ne vous gâcherai pas le plaisir de souffrir pour voir la fin, mais sachez que ça mêle voyage dans le temps et dans des univers parallèles. C’est compliqué, donc forcément génial. CQFD.

Là encore n’espérez pas avoir la moindre incidence sur cette redite de Bioshock 2, aucun univers à explorer et à comprendre. Pourtant il y avait du potentiel entre la ville crée par un prophète auto-proclamé et les rebelles gauchistes de la Vox Populi. Mais au final on ne décide de rien et on tire sur tout ce qui bouge dans la joie et la bonne humeur. Certains ont reproché au jeu des scènes parfois très violentes, mais on est tellement pas immergé qu’on tuerait des enfants myopathes cul de jatte sans trop se poser de questions.

Je te libère de ce jeu !

Je te libère de ce jeu !

 Mais ne craignez rien pauvre joueur ! Vous ne serez pas seul dans votre quête dans ce grand nettoyage de printemps, car Elizabeth deviendra votre sidekick dès que vous l’aurez libérée de sa prison dorée. HOURRA ! Du coup elle vous suit partout, même durant les fusillades où vous pourrez la voir se balader sur le champ de bataille. Les ennemis sont cons mais ils ont au moins assez de savoir vivre pour ne pas tirer sur une faible femme. A moins que le seul seum crise d’ado de Zaza puisse arrêter les balles. Et puis de temps en temps elle vous balance dans la tronche des munitions, des trousses de soin ou des pièces pour montrer que Booker est un sale pauvre assisté qui vit du RSA qu’elle n’est pas si inutile que ça finalement. Mais jamais aux moments ou vous en auriez vraiment besoin, il ne faut pas déconner non plus. Le plus mieux reste tout de même son pouvoir d’ouvrir des failles spatio-temporelles, qui sont bien utiles pour récupérer des armes et des trousses de soin (encore). Parce que récupérer des choses dans notre réalité c’est tellement mainstream.

Zaza ! On a pas de jeu ! Lâche ce livre et trouve un moyen d’attirer le chaland.

Bien joué Zaza !

Bien joué Zaza !

Je ne suis pas un héros

Vous trépignez d’impatience en attendant de savoir comment cette imposture se joue, et bien nous y voilà ! Il est vrai que la série Bioshock n’a jamais brillé par son gameplay, mais plutôt que d’améliorer les choses, Infinite enlève tout ce qui fonctionnait. Quelle bande de déconneurs chez Irrational !

Au niveau des contrôles c’est du FPS tout ce qu’il y a de plus classique, avec tout de même un peu d’exotisme dans l’utilisation de la touche V pour les attaques de càc. La première fois, le jeu vous indique que c’est comme ça qu’on attaque, mais c’est tellement naze comme input qu’on croit à une QTE. Mais non, c’est bien V pour frapper. Une façon comme une autre de nous faire comprendre que la violence, c’est pas très sympa. On notera également l’utilisation de la technologie VaTeFaireFoutre pour les menus, les développeurs ayant à cœur de faire de chaque action une corvée.

Comme dans les volets précédents, l’avatar possède une barre de vie et une barre d’énergie lui permettant d’utiliser ses plasmides vigueurs. Mais une troisième barre vient faire son apparition dans Infinite ! Au début, je pensais que c’était ma barre d’ennui vu qu’elle était toujours pleine, mais c’est en réalité le bouclier du héros. Ah tiens, Booker a ramené une armure d’énergie régénératrice du futur (zut je vous révélé le twist final). Ce bouclier a un fonctionnement classique, il se régénère dans le temps mais si l’avatar prend trop de dégâts, ça finit par entamer sa vie. Dans la foulée, quelqu’un à eu l’idée de génie d’empêcher le héros de prendre des trousses de soin sur lui. Du coup quand vous trouvez du soin, c’est inutile les ¾ du temps, et quand vous en avez besoin en combat, il faut retourner en arrière pour aller en chercher. Merci camarade game designer, c’est vrai que c’était beaucoup trop compliqué de gérer tout ce stock de vie dans les jeux non nuls. Et pour faire plaisir à tout le monde, c’est le même tarif pour recharger ses vigueurs. Ces attaques n’étant pas suffisamment inutiles dans le jeu, vous ne pourrez les utiliser que 3 ou 4 fois avant de chercher des sels pour les recharger. Des sel(le)s dans un jeu à chier, ça se tient.

« Damned, mon avatar s’épuise aussi vite que les concurrents de Duracel ! Heureusement que je vais trouver plein d’armes et des munitions diverses et variées. » Désolé petit, mais vu que Booker Dewitt est aussi normal que notre président, il ne peut porter que 2 armes différentes à la fois. Bien entendu, on trouve des munitions partout, sauf celles dont on a besoin. Et c’est un seul type de munition par arme. Cerise sur le gâteau, les améliorations d’armes sont payantes et tout simplement imperceptibles dans le ressenti de jeu. Le système de progression de l’avatar était déjà bancal dans les précédents Bioshock, mais là c’est encore en dessous.

Voilà qui va bouleverser mon expérience de jeu.

Voilà qui va bouleverser mon expérience de jeu.

Mais n’oublions pas ce qui fait tout le sel de la série Bioshock, à s’avoir une nouvelle version du moteur de SDF fait maison. On prendra ainsi plaisir à fouiller le moindre meuble, la moindre poubelle, le moindre cadavre à la recherche de munitions et autres denrée alimentaires. Columbia est un monde de Kinder surprise. Mais avouons que le plaisir de se mettre dans la peau d’un petit cambodgien trieur d’ordures et quelque peu gâché par les dons inopportuns de l’élément féminin du jeu, qui nous fait littéralement la manche.

« By jove, quelqu’un a eu l’idée saugrenue de jeter un ananas entier ! Je vais le manger pour être en pleine forme. »

« By jove, quelqu’un a eu l’idée saugrenue de jeter un ananas entier ! Je vais le manger pour être en pleine forme. »

L’ennemi de mon ennemi (a une IA toute pourrie)

Pour faire face à ce monstre de normalité qu’est Dewitt, il fallait des ennemis de folies. Pas de panique, un soin tout particulier leur a été apporté pour ne pas tirer l’expérience de jeu vers le haut. Ainsi, les 4 pauvres archétypes d’adversaire passent le plus clair de leurs courtes existences à camper sur leur position en attendant que l’avatar soit à porté de tir. Des fois ils bougent, jusqu’à parfois essayer de vous déloger de votre cachette, mais apparemment ce ne sont que des bugs qui seront rapidement corrigés. L’honneur est sauf. On saluera au passage l’astuce consistant à utiliser 2 skins par archétype, une version bleue et une version rouge (go go Power rangers) afin de doubler le nombre d’ennemis dans le jeu. Plus c’est gros, mieux ça passe.

Oh la belle bleue ! Oh la belle rouge ! Oh se jeu se fout un peu de ma gueule.

Oh la belle bleue !
Oh la belle rouge !
Oh ce jeu se fout un peu de ma gueule.

Quid des emblématiques big daddys ? Et bien ils sont remplacés par les handymen (The handyman, ho the handyman can), des gros bonhommes modifiés par de la belle mécanique. Ce qui était bien avec les big daddys, c’était le côté tactique des combats puisque, bien que résistants et faisaient de gros dégâts, c’était au joueur d’engager le combat. S’en suivait alors des duels épiques à base d’esquives et d’explosions. Pour les handymen c’est juste la croix et la bannière, ils sont super résistants à toutes les armes, font monstrueusement mal et en plus se paient le luxe de bouger comme un avatar de speedrun. On passe donc le temps du combat à fuir pour trouver une foutue trousse de santé et des munitions tandis que le handyman vous suit à la trace. Fort heureusement, il n’y en a que 3 dans le jeu. Et ce n’est pas une figure de style de ma part, il n’y en a vraiment que 3 dans tout ce putain de jeu.

"Le handyman a un point faible, sauras-tu la trouver ?" Extrait d’un paquet de BN.

« Le handyman a un point faible, sauras-tu le trouver ? » Extrait d’un paquet de BN.

Mais nous oublions l’ami songbird, cette espèce de pénis volant, qui passe son temps à nous pourchasser gentiment pour ramener Zaza au bercail. A chacune de ses apparitions on est prêt à en découdre et à lui casser sa tête d’oiseau nazi, mais finalement il ne se passe rien. Pire, il devient même notre allié à la fin du jeu lorsqu’on le charme avec une flûte de pan en jouant les notes C-A-G-E. Non ça n’est pas une blague, on utilise le nom de celui qui a commis Heavy rain pour convertir l’ennemi. J’applaudis des 2 mains, mais c’est bien parce que je n’en ai pas plus.

Pour les joueurs à la recherche d’un combat de boss dantesque, il y aura tout de même de quoi faire en tirant sur le fantôme de la mère de Zaza venue d’une autre dimension. Quitte à faire n’importe quoi, autant le faire franchement.

"Bouhouhou je suis le fantôme du scénario, on m’a assassiné, ASSASSINE !"

« Bouhouhou je suis le fantôme du scénario, on m’a assassiné, ASSASSINE ! »

Level Design

D’aucuns disent qu’ils l’ont vu.

En résumé

Si vous aimez les FPS mollassons et les fanfictions de collégiens, ou s’il vous manque simplement la moitié du cerveau, alors sautez sur ce bijou qu’est Bioschock Infinite. N’oubliez pas les 20€ de DLC, qui s’annoncent tout aussi palpitants. Ils ont même pensé à utiliser Rapture pour vous la mettre une seconde fois.

En revanche, si vous êtes un fan de Bioschock, investissez plutôt dans Minerva’s Den pour Bioschock 2. Contenu passé inaperçu à sa sortie, mais qui vaut vraiment le coup.

Mais pour mettre tout le monde d’accord, rien ne vaut une chanson Dysney :

C’est chanmé

Ça pue du cul

  • Le système de jeu
  • Le gameplay
  • Le scénario
  • Le non LD
  • Les trailers mensongers
  • Bioshock ?